Ils sont venus à deux ou trois par association, pour échanger sur la façon d’améliorer « le vivre ensemble », « l’égalité filles-garçons », « l’esprit sportif » et « l’éco-citoyenneté » sur leurs rencontres Usep. Sans hésiter à y consacrer leur mercredi après-midi.
Ces 26 garçons et filles, réunis dans la bibliothèque d’une école de Poitiers, ont il est vrai le sens des responsabilités : « jeunes officiels » de leur association, ils se sont engagés à gérer les différents aspects d’une rencontre sportive et associative, à réaliser de petits reportages, et à participer à « des débats sur les valeurs du sport et de la citoyenneté ».
Réunis une première fois fin octobre, ils ont eu droit à une présentation du projet de congrès des enfants. Sans attendre, ils sont entrés dans le vif du sujet, en discutant du rôle de l’enfant dans l’association et des valeurs de l’olympisme.
À l’issue de ces deux jours où les activités sportives avaient également droit de cité, il leur a été proposé d’aider leur enseignant à engager le débat en classe, sur les questions qui les rassemblent aujourd’hui. Leur mission du jour en est le prolongement : évaluer les propositions remontées du terrain pour n’en retenir qu’une seule à chaque fois.
Esprit sportif et respect
Plus facile à dire qu’à faire ! Surtout quand, sur le thème de l’esprit sportif, c’est entre des codes de bonne conduite qu’ils doivent choisir : « Ne pas se moquer, ne pas être violent, respecter l’arbitre, contrôler ses émotions dans la victoire comme dans la défaite… » L’association Jules-Ferry de Châtellerault se distingue toutefois dans la forme. Les enfants ont pris des photos illustrant les bons et les mauvais comportements. C’est visuellement parlant, mais délicat à synthétiser en quelques mots.
Éco-citoyenneté
En matière d’éco-citoyenneté, c’est également l’unanimité pour recommander les gobelets réutilisables, les produits bio au goûter et le principe de la rencontre zéro déchets. Mais que penser de l’idée d’un grand jeu-nettoyage d’après pique-nique ? « L’équipe qui en ramène le plus a gagné » proposent certains. Certes, c’est motivant pour ramasser, mais n’est-ce pas aussi encourager l’incivisme environnemental ? Autre proposition, plus inattendue : « Avec les déchets triés, fabriquer un objet à l’école. » Ou comment marier art du recyclage et art plastique…
Vivre ensemble
Sérieux comme les membres d’une commission parlementaire, les jeunes officiels du troisième groupe analysent le panneau présenté par Abel et Léandre, de l’école de Magné. Avec leurs camarades, ceux-ci ont collé sur une banderole les notions qui se rattachent aux quatre mots résumant l’Usep : vivre, ensemble, rencontre, sportive.
Là aussi, arbitrer n’est pas simple : dans une rencontre, le plus important est-il de « découvrir » de nouvelles activités ou de « se mélanger » entre enfants de différentes écoles ? « Se mélanger, parce que c’est plus difficile », tranche finalement le jury.
Égalité filles-garçons
C’est en matière d’égalité filles-garçons que les débats sont le plus enflammés. Le sujet est sensible, surtout dans la cour de récré de Château-Larcher. Car c’est bien beau de proposer : « les garçons devraient laisser les filles jouer au foot ». Mais la réalité est tout autre : « Ça fait des années que je leur demande, et ils ne veulent jamais ! » s’exclame Inès, ulcérée. Or le cas n’est pas isolé. « Mais alors, comment faire pour que les garçons changent de comportement ? » leur demande Clément, l’enseignant assis à leur table.
À Château-Larcher, les adultes ont purement et simplement confisqué le ballon. « Ce n’est pas la solution, car tout le monde était puni », s’accordent les uns et les autres. Jamais en manque de solutions, Zak propose de n’autoriser que les filles à jouer au foot, ce qui est jugé par certains trop radical. « Mais ça ferait comprendre aux garçons ce qu’on ressent à chaque fois ! », commente Lily-Rose, qui explique qu’elle veut s’inscrire en club pour s’améliorer, et prouver ainsi aux gars de Saint-Maurice qu’elle mérite sa place parmi eux.
Restitution
Vient le moment de la restitution, où les porte-parole de chaque groupe présentent la proposition jugée la plus digne d’être défendue au congrès régional. Il faut aussi élire une affiche parmi toutes celles illustrant les valeurs de l’olympisme. Le choix est tout aussi cornélien : finalement, on en garde trois.
Trois, c’est également le nombre d’activités sportives avec lesquelles se finit l’après-midi : jeux de raquette et pelote basque à main nue. Car débattre de sport c’est bien, mais ça n’a de sens que pour mieux pratiquer. Après être restés assis à disctuter pendant une bonne heure et demie, les enfants se donnent à fond pendant l’heure suivante. Avant de participer ensuite, le plus naturellement du monde, au rangement du matériel. Car être « jeune officiel », c’est aussi accorder le discours, et les actes.
Article réalisé par Philippe Brenot
Rédacteur en chef de la revue « En jeu, une autre idée du sport » pour l’USEP Nationale